Produits laitiers : une consommation française en pleine mutation

Les indicateurs de consommation du premier semestre 2025 confirment le redressement de la filière laitière, avec une évolution de +0,2% en volume contre -0,3% au premier semestre 2023^[1]. Cette progression marque un retour aux niveaux de consommation de 2019, témoignant de la résilience de la filière. 

L'un des signaux les plus encourageants réside dans la reprise de l'innovation. Le nombre de références en magasin repart à la hausse après deux ans de réduction des assortiments, avec plus de 60 nouvelles références en juillet 2025^[2]. « C'est un indicateur particulièrement positif, car l'innovation constitue un levier essentiel », souligne Romain Le Texier, Directeur des Études au Cniel. Cette tendance trouve son illustration dans le classement des meilleures innovations grande consommation 2025, où un produit laitier occupe la première place.

Cette dynamique s'accompagne d'une évolution contrastée selon les segments. L'ultra-frais tire son épingle du jeu avec une croissance de 1,8 % des volumes entre le premier semestre 2024 et 2025^[3], portée notamment par l'engouement pour les yaourts à la grecque et les skyrs. Quant aux segments traditionnels, ils montrent des signes de reprise : la crème progresse de 1,5 % et le fromage de 2,4 % par rapport à l’année précédente^[3]. À l'inverse, le lait nature continue de reculer avec - 2,8 %, reflétant l'évolution des habitudes du petit-déjeuner et de la nouvelle génération.

Parallèlement, l'équilibre se redessine entre marques nationales et marques de distributeur (MDD). Bien que les MDD maintiennent leur progression au total grande consommation (+1,6 % de ventes en cumul 2025), les marques nationales affichent une croissance supérieure sur la même période (+2 %)^[4]. Cette inversion de tendance marque un tournant : après plusieurs années où l'inflation avait poussé les consommateurs vers les MDD, les Français retrouvent progressivement des comportements d'avant-crise. 
 

Cette évolution générationnelle s'inscrit dans un contexte de précarité alimentaire croissante chez les jeunes. 58 % des 18-24 ans se déclarent en situation d'insécurité alimentaire, contre 32 % pour la moyenne nationale^[6]. Face à cette réalité, les produits laitiers présentent un avantage concurrentiel important. En effet, l'analyse du prix au kilo révèle que cinq catégories laitières figurent parmi les 25 produits alimentaires les plus abordables en magasin^[7].

La transition vers des régimes plus végétaux représente une autre évolution structurelle. 19 % de la génération Z suit un régime sans viande, contre seulement 4 % des baby-boomers, tandis que près d’un foyer sur deux se déclare flexitarien^[8]. « Cette transition représente une opportunité pour les produits laitiers, reconnus pour leurs qualités nutritionnelles et leur richesse en protéines », analyse Romain Le Texier.

Ces évolutions coexistent avec un attachement solide des Français aux produits laitiers : 7,9 Français sur 10 déclarent avoir plaisir à en consommer ; 7,5 sur 10 leur font confiance ; et 40 % les jugent indispensables dans leur quotidien, devant le pain, les pâtes, la viande, les légumes et les fruits^[9].