La filière laitière face aux défis de 2025 : résilience, stabilité et engagement
Le 9 septembre, s’est tenue la conférence de presse de rentrée 2025 du Cniel. Devant une salle rassemblant de nombreux journalistes, nous avons pu partager largement les enjeux de notre filière et rappeler l’importance de notre action collective au service de l’ensemble des acteurs laitiers. Aux côtés de Pascal Le Brun, président du Cniel et Marie-Andrée Luherne, présidente déléguée du Cniel, Sandra Leperche, Jean-Marc Chaumet et Romain Le Texier ont décrypté les sujets d’actualité de la filière.
Tribune de Pascal Le Brun, président du Cniel
La conférence de rentrée du Cniel nous a permis, ce matin, de partager avec la presse un état des lieux et les perspectives d’une année 2025 déjà riche en défis pour la filière laitière française.
En tant que président du Cniel, mais aussi éleveur dans le Calvados et vice-président de coopérative, je mesure chaque jour les défis de notre secteur – et sa capacité de résistance exceptionnelle. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 44 000 exploitations, 23 milliards de litres collectés, 2e producteur européen avec 17 % de la collecte. Notre filière génère 47,3 milliards d'euros et reste la première industrie agroalimentaire française.
L’été s’est révélé particulièrement éprouvant, avec une combinaison de difficultés rarement observée. Sur le plan climatique d’abord, avec une météo perturbée alternant sécheresses et pluies diluviennes.
Sur le plan sanitaire, ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes : notre filière su faire preuve de résilience et faire face à une triple pression inédite avec l’émergence de la FCO, de la MHE et, plus récemment, de la DNC, qui a touché de plein fouet les territoires emblématiques du lait cru en Savoie. Dix-huit jours seulement après la détection des premiers cas, une campagne de vaccination massive était lancée. Grâce à la mobilisation de notre réseau, et à la coordination des acteurs, des solutions concrètes ont été mises en œuvre sur le terrain, et je les remercie vivement.
Sur le plan géopolitique, les négociations entre les États-Unis et l’Union européenne se sont traduites par un accord défavorable pour nos produits laitiers, tandis que la Chine et l’Algérie renforcent également les difficultés. Dans ce contexte, nous refusons toute logique de repli et affirmons une stratégie claire et offensive : réduire notre dépendance à certains marchés sous contrainte, ouvrir de nouveaux débouchés à forte valeur ajoutée et protéger la compétitivité des opérateurs français. Concrètement, cela se traduit par un soutien accru aux exportateurs, une coordination renforcée avec les pouvoirs publics et la construction de nouveaux accords commerciaux, notamment en Asie du Sud-Est.
La nomination du Premier ministre hier soir rappelle, dans ce contexte exigeant, l’importance de la stabilité politique et de la continuité des travaux parlementaires et gouvernementaux pour accompagner durablement la filière agricole et laitière.
Notre vision repose sur trois piliers partagés par l'ensemble de la filière : la compétitivité, la résilience et l'attractivité. Ces trois dimensions sont indissociables et constituent les fondations de notre pérennité. Car le renouvellement des générations n'est pas qu'un enjeu démographique. C'est l'opportunité de démontrer que la filière laitière offre des métiers d'avenir, porteurs de sens, ancrés dans une démarche de long terme, respectueuse de l'environnement. Car derrière chaque verre de lait, il y a des territoires vivants, des savoir-faire d'exception et un engagement quotidien pour une filière durable. Cette ambition s’inscrit dans un contexte encourageant, marqué par la reprise de la consommation de produits laitiers en France. Entre tradition et modernité, nos produits confirment leur rôle central dans l’alimentation des Français, tout en s’adaptant aux attentes de demain.
C’est avec cette conviction que nous abordons une séquence automnale importante : le SPACE, le Sommet de l’Élevage et le Salon des Maires. Trois rendez-vous clés pour rappeler que notre modèle laitier est une chance pour la France – pour sa souveraineté, son économie et ses transitions. Notre message sera simple et collectif : le modèle laitier français est un atout, et nous le défendrons avec détermination.
Tribune de Marie-Andrée Luherne, présidente déléguée du Cniel
Cette semaine, à la Maison du Lait, nous avons réaffirmé devant la presse notre ambition collective : valoriser notre modèle agricole, accompagner le renouvellement des générations et faire rayonner nos métiers.
En tant qu’agricultrice bretonne, à la tête d'une ferme familiale transmise depuis cinq générations, et présidente déléguée du CNIEL, je vis ces enjeux au quotidien. Mais toutes les fermes laitières n’ont pas cette chance : un éleveur laitier sur deux partira à la retraite d’ici dix ans et ne sera pas remplacé. C'est un défi majeur... mais aussi une formidable opportunité !
Celle de montrer que le lait est une filière d’avenir : notre filière compte 60 métiers différents, structure nos territoires ruraux avec plus de 700 entreprises de transformation, nourrit les Français qui nous font confiance. C'est un secteur qui a du sens.
Je refuse le pessimisme ! Depuis 5 ans et le lancement de France Terre de Lait, nous avons des résultats concrets : amélioration de la rémunération, modernisation de nos pratiques, respect renforcé de l'environnement et du bien-être animal.
Ce message d’une filière qui innove, qui se transforme et qui continue de fédérer autour d’un projet collectif, nous le porterons haut et fort, en particulier cet automne, avec trois rendez-vous majeurs :
- Le SPACE Rennes dès la semaine prochaine (16-18 septembre)
- Le Sommet de l'élevage (7-10 octobre)
- Le Salon des Maires et des Collectivités (18-20 novembre)
À chaque événement, notre message sera le même : notre modèle laitier est une chance pour la France.
La filière du lait ne lâche rien. Elle innove, elle avance, elle construit ses solutions pour rester forte et tournée vers l'avenir.